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Le Monde et moi
20 novembre 2016

Trump élu au pouvoir : obscurantisme et populisme

 

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Une issue d'élections désastreuse pour une campagne de mauvais goût   

   Alors, ça y est. Ce matin, alors que la France se levait, traînant les pieds et les yeux encore lourds de sommeil, on a appris les premiers résultats. Donald Trump était en tête. Quelques heures plus tard tombe la confirmation de son élection en tant que 45ème président des Etats-Unis.

   Ce qui paraissait au départ comme une blague de mauvais goût se révèle être aujourd'hui une réalité choquante et grossière. Une blague de mauvais goût. Oui, c'est sans doute ainsi que l'on pourrait le mieux caractériser la campagne et l'élection inattendue de Trump. J'ai toujours l'espoir à la fois secret et saugrenu d'un Trump hilare devant les caméras, annonçant que tout cela n'était qu'une bête caméra cachée pour sa dernière idée d'émission de télé réalité débile.

   Mais non. Trump est pris au sérieux désormais, et sans doute un peu trop tard. Pourtant il ne faut pas oublier ce qu'il est : un pauvre clown mal déguisé en homme politique et totalement incompétent, dénué de la moindre expérience ou formation politique. Ses promesses les plus extravagantes, par lesquelles il s'est fait connaître et que les médias n'ont pas hésité à relayer en masse, ne sont qu'une poudre dorée jetée aux yeux, c'est pourtant évident.

   Trump serait tout à fait incapable de tenir la moindre promesse politique d'envergure, tout d'abord parce qu'il n'en a ni les capacités ni la préparation, mais aussi parce qu'il a un nombre très importants d'opposants et que le système politique aux Etats-Unis est bien plus compliqué qu'en France. Le président aux Etats-Unis se heurte en effet souvent au Congrès et à la Cour Suprême. Et si la majorité des sénateurs reste (de peu) républicaine, il reste un nombre non négligeable de démocrates avec lesquels il va falloir s'accorder. Enfin, il va sans dire que la campagne chaotique de Trump lui a attiré de nombreux ennemis et opposants, même au sein de son propre couranpolitique.

Capture d’écran (8)

 

   Bien sûr la question que l'on retrouve sur toutes les lèvres, c'est : comment cet homme a-t-il pu en arriver-là? Le triste spectacle de sa campagne présidentielle peut nous apporter des éléments de réponse. Finalement dépourvu d'intérêt politique, le discours de Trump tournait pour la plupart du temps autour de la taille de son engin, il jouait (et Clinton a eu la bien mauvaise idée de le suivre) à qui aurait la plus grosse paire de couilles, à coup de discours sexistes, racistes, homophobes et violents, placés sous le signe d'une fausse virilité suprême. C'est ce qui a tourné le feu des projecteurs dans sa direction, et en scène !, ça filme.

   Fier héritier du Far West et des westerns, Trump est ce cow-boy bruyant, lourdaud et ordurier  qui rentre avec fracas dans les saloons, ne peut s'empêcher de faire claquer ses talonnettes pour attirer l'attention et tire sur à peu près tout ce qui bouge.

   Il faut dire que Donald Trump était déjà célèbre aux Etats-Unis bien avant sa candidature, en tant qu'homme d'affaires sulfureux et producteur d'émissions télé. Héritier de la riche affaire immobilière de son père, sans études sérieuses à son dossier, Trump se lance dans le monde confortable du business avec une importante longueur d'avance. Car non, il n'a rien inventé et ne s'est pas construit seul, loin de là. 

   Si au moins il était apte à diriger correctement ses affaires. Mais ce n'est pas le cas. Donald Trump a déjà fait quatre fois faillites. Roi du bling bling, il s'est notamment fait construire le Trump Taj Mahal, le casino le plus cher du monde, s'est offert le Plaza Hotel pour la bagatelle de 400 millions de dollars, un yacht d'une taille démesurée ou encore (allons-y) une compagnie aérienne. A ce jour malheureusement, Trump a perdu tout cela, comme quoi son sens apparemment aiguisé des affaires ne serait pas sans faille.

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"Je ne vais pas me vanter, vous savez pourquoi? Parce que je n'ai pas besoin de le faire." 

   Heureusement, Trump peut toujours compte sur des manières dignes, brillantes et humanistes pour se relever : c'est ainsi qu'il lâche son nom en pâture au marché, et en fait une marque. Ne soyez donc pas étonné si un jour, par hasard, vous constatez que son nom s'affiche sur des bouteilles de vodka, d'eau, ou encore des barquettes de steaks hachés (et non, ce n'est tristement pas ironique).

 

Ce qui se cache derrière un tel résultat

   Le véritable souci cependant, ce n'est probablement pas Donald Trump en lui-même. Il y aura toujours des cons et des ignorants pour avoir l'audace de vouloir se hisser au rang des rois. Le véritable problème, ce sont ceux qui lui ont permis d'accéder au pouvoir. Le véritable problème, c'est le trumpisme. Le véritable problème, c'est la réalité qui se cache derrière un tel résultat, et ses conséquences.

   L'arrivée de Trump au pouvoir ne fait que continuer à tisser le voile noir de l'obscurantisme qui s'abat doucement sur l'Occident. Manipulateur, menteur, le nouveau président américain n'a eu de cesse dans sa campagne d'insister sur des chiffres délirants, des faits tordus et imaginaires qui appuyaient ses idées grossières. Et un résultat aussi énorme, aussi étonnant, résultant d'un bourrage de crâne (sciemment ou non) orchestré par les médias grand public à l'aide de chiffres erronés, cela ne vous rappelle rien?

   Et oui. Le Brexit semble avoir suivi le même parcours politique. Or, fait intéressant et révélateur, Nigel Farage (eurosceptique britannique à l'origine du mouvement du Brexit) dans un tweet félicite vivement Trump dans sa campagne, annonçant qu'il lui "passe le relais". L'obscurantisme ne sera jamais assez entre de bonnes mains.

Capture d’écran (9)

   C'est ainsi que Trump ouvre à fond les vannes de l'obscurantisme, libérant par la-même le populisme dont il a été la triste figure au cours de ces élections. Incompétent et inexpérimenté, Trump a dédaigneusement ignorer les limites du politiquement correct et s'est empêtré dans des promesses intenables, elles-mêmes censées résoudre des problèmes imaginaires et simplistes (on se croirait dans l'Allemagne de 1933). Il a simplement offert à un prolétariat dont il se voulait le représentant ce que ce dernier était prêt à entendre, ce qu'il voulait entendre.

   Reste à savoir jusqu'où ira cette vague sombre et dévastatrice. Plus que jamais, il faut lutter. Lutter contre l'ignorance. Lutter contre les fausses idées. Lutter contre l'obscurantisme. Lutter contre la mise à l'écart des minorités, et toutes ces haines infondées qui s'entretiennent entre elles. Lutter enfin contre tout ce que le nouveau président des Etats-Unis incarne.

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